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Sortie herpétologie, entomologie et botanique à l’Hospitalet-près-l’Andorre avec l’ANA

J’ai enfin fini le tri et l’identification de cette super journée. Bon il y a le mot botanique dans le titre, on en a pas mal parlé lors de la sortie, mais je me suis plutôt concentrée sur les insectes et les lézards. Un jour je me plongerais dans les plantes, car c’est aussi très intéressant et étroitement lié à la faune. Pour commencer voici notre groupe, avec un changement de photographe pour que tout le monde soit pris.
Dès le début de la marche, notre guide, Olivier Buisson repère un lézard des souches. Cette espèce se rencontre surtout dans le Massif central et le quart nord-est du pays, mais on en trouve une petite population dans l’est des Pyrénées, appartenant à une sous-espèce spécifique nommée « garzonii ». Ce lézard possède une tête massive et courte par rapport au lézard des murailles. Il s’agit ici d’une femelle, de couleur brune avec des ocelles bien visibles sur les flancs.

Nous sommes chanceux puisqu’un peu plus tard dans la journée c’est un mâle que nous pouvons observer.

Il est bien plus coloré que la femelle avec les côtés du corps verts.

Il est maintenu délicatement par une patte, pour ne pas qu’il se blesse ou détache sa queue afin de s’enfuir (autotomie).

Petite séance d’observation et de photo avant de le laisser repartir dans la végétation.

Voici quelques photos prises par Christophe du mâle et de la femelle :

Ça sera tout pour les reptiles aujourd’hui (et c’est déjà pas mal, car ce lézard est superbe et assez rare en Ariège). Nous espérions voir des vipères, mais la météo était très mauvaise pour ça : du vent et du soleil. Le guide nous apprend que lorsqu’il fait trop chaud, les vipères n’ont plus besoin de s’exposer pour atteindre la bonne température corporelle étant donné que la température extérieure est déjà bien élevée, même à l’ombre. Donc elles évitent de se mettre à découvert et restent à l’abri des prédateurs (surtout qu’il y a quelques circaètes dans le coin).

Côté papillons, nous avons été servis.

Cette mélitée était particulière, bien sombre sur le dessus. Malheureusement je n’ai pas pu photographier le dessous des ailes, ce qui aurait été déterminant pour arriver à l’espèce. Aussi sombre, cela aurait pu être la Mélitée des mélampyres (Melitaea athalia) ou la Mélitée noirâtre sous-espèce vernetensis des Pyrénées (Melitaea diamina). Cette sous espèce a la particularité d’être plus claire, la Mélitée noirâtre pouvant être vraiment très très sombre.

Assez nombreux et faciles à reconnaitre, les Céphales (Coenonympha arcania). Les chenilles se nourrissent de graminées. Le nombre d’ocelles sur le dessous des ailes peut varier.

Une autre mélitée, la Mélitée orangée (Melitaea didyma). Un mâle, bien vif sur le dessus des ailes. Le dessous aussi est caractéristique, avec les nervures blanches, les points noirs à la base de l’aile postérieure ainsi que sur la marge de l’aile. La femelle est moins vive, avec des nuances de gris sur les ailes antérieures.

Beaucoup de moirés volent dans les prairies. Mais peu d’entre eux se posent ou du moins se laissent approcher. Sauf celui-ci, un Moiré des luzules (Erebia oeme). Assez facile à reconnaître grâce aux taches oranges à ocelles noirs pupillés de blanc sur le dessous des ailes postérieures et à la couleur de fond de cette même aile. Les deux autres espèces les plus proches ne se rencontrent pas dans les Pyrénées.

Dans une zone où se mêle boue et bouse, un grand nombre d’azurés boivent. Je ne les ai pas tous photographiés, mais en tout cas celui-ci est un Demi-argus (Cyaniris semiargus). Plus aisé à reconnaître avec le dessous des ailes par l’absence de point cellulaire, aucune tache marginale ou submarginale orange ou noire sous l’aile antérieure et postérieure. Le genre Cupido peut-être assez semblable parfois, mais ces papillons sont bien plus petits. Ici c’est un mâle, avec le dessus des ailes bleu (chez la femelle, le dessus est brun).

Un grand papillon brun-orangé passe à toute allure le long du chemin et se pose sur un rocher. C’est un Némusien (Lasiommata maera). Il ressemble beaucoup à la Mégère (Lasiommata megera) mais ne possède pas de bande orange sur le dessus l’aile postérieure, juste au-dessus de la série d’ocelles.

Un papillon souvent rencontré à la montagne, mais pas que, la Petite tortue (Aglais urticae). La chenille se nourrit d’orties.

Un papillon pas forcément évident à identifier avec uniquement une vue de dessus. C’est un Grand collier argenté (Boloria euphrosyne), avec des taches assez épaisses sur la moitié basale des ailes, plus petites sur l’autre moitié et les triangles du bord des ailes « pleins » et détachés de la bordure noire.

Dernier rhopalocère photographié, la Sylvaine (Ochlodes sylvanus), facile à reconnaitre avec ses taches plus claires visibles aussi sur le dessous des ailes. Attention à la Virgule (Hesperia comma) qui a les taches du dessous des ailes bien plus claires contrastant sur un fond plus sombre.

Maintenant, les hétérocères, papillons dits « de nuit » bien que beaucoup d’entre eux volent de jour.

Quelques zygènes, comme cette Zygène du lotier (Zygaena loti) reconnaissable à son collier clair sur le thorax, ses poils beiges sur les pattes et à ses taches 4 et 5 (en bas de l’aile) fusionnées en forme de faux.

Autre zygène, la Zygène pourpre (Zygaena purpuralis), avec ses taches fusionnées en 3 bandes. L’extrémité de la bande la plus basse est élargie. Elle ne peut-être différenciée de la Zygène diaphane (Zygaena minos) que par examen des pièces génitales, mais cette dernière espèce est absente des Pyrénées.

Les plus nombreux, vraiment très nombreux, étaient les Ramoneurs (Odezia atrata). Ce papillon est inconfondable avec ses ailes noires piquetées d’écailles plus claires et à apex blanc. Les chenilles se nourrissent de diverses plantes basses comme le cerfeuil penché et la renouée bistorte.

Celui-ci était un peu plus vieux et frotté.

Une Géomètre, l’Acidalie hardie (Scopula immorata). Première rencontre pour moi avec ce papillon, je n’avais croisé que l’Acidalie tesselée (Scopula tesselaria) qui est plus contrastée. Sa chenille mange les feuilles fanées de diverses plantes basses.

Papillon particulier, appartenant au genre Ptilocephala. Le mâle vole, possède des antennes très plumeuses et le corps très poilu. Le genre comprend 10 espèces en France, non identifiables sur photo. e sont des papillons pour la plupart montagnards. Les chenilles vivent dans des fourreaux qu’elles fabriquent avec des débris végétaux, les femelles sont aptères et ne volent donc pas.

Un autre papillon avec un mode de vie similaire mais n’appartenant pas à la même famille : il appartient au genre Heterogynis, famille des Heterogynidae, plus proche des zygènes. D’ailleurs la femelle ressemble à une chenille de zygène toute grasse. Ici c’est donc un mâle.

Un joli papillon noir et blanc, la Phycide des chardons (Myelois circumvoluta). Elle ressemble un peu à certains Yponomeutidae, mais est plus grosse et possède moins de taches sur les ailes. Elle appartient à la famille des Pyralidae. Les chenilles Consomment les graines, fleurs et tiges des cirses et des chardons.

Très discret mais aussi très photogénique, le Crambus des jardins (Chrysoteuchia culmella). En le regardant de plus près, ces couleurs et dessins sont très jolis. Mais il aime se cacher au revers d’un brin d’herbe, ailes repliées en long.

C’est terminé pour les papillons, continuons avec un ordre d’insectes faisant penser à un croisement entre libellule et papillon, les Névroptères, et plus particulièrement les ascalaphes.

Quelques Ascalaphes soufrés (Libelloides coccajus) volaient au-dessus des prairies. Certains étaient posés sur les brins d’herbes et se laissaient photographier facilement. Les larves de ces insectes ressemblent aux larves des fourmilions et vivent dans la sol ou sous les pierres.

On continue avec les diptères. Ici un Syrphe bombiforme (Arctophila bombiformis), ressemblant énormément à un bourdon. Les yeux rapprochés indiquent un mâle.

Passage très furtif d’un autre syrphe, l’Eristale brouillée (Eristalis intricaria). Pouvant être très variable au niveau de la couleur, brune, noire, rousse, parfois avec du blanc. Les larves se développent dans la boue et la tourbe de fonte. Aussi dans les fosses à purin… Elles sont dites « queue de rat », à cause de leur appendice allongé et fin leur permettant de respirer à la surface.
Autre diptère plus petit, appelé Sepsis puntum. Les mouches de cette famille ont des attitudes bien particulières, lorsqu’elles se déplacent dans la végétation, elles roulent leurs ailes dans tous les sens ! Ici une des rares espèces « facile » à identifier, avec sa couleur, sa tache noire sur les ailes et surtout son unique paire de soie dorso centrale (juste avant le scutellum). A voir en détails sur la fiche correspondante en cliquant sur le nom de l’espèce. Ici un couple bien occupé et donc facilement photographiable. Les larves se développent dans les excréments frais, entre autre la bouse.

Une autre mouche bien différente posée sur un genêt (je crois). Il s’agit d’une tachinaire, Tachina magnicornis. Très proche de Tachina fera, qui a les tarses 1 plus clairs et la ligne médiane de l’abdomen qui se termine en pointe sur le tergite 5. Les larves parasitent les chenilles de noctuelles. Je n’ai d’ailleurs pas fait attention sur le coup, mais peut-être était-elle en train de guetter une chenille, car j’ai pu m’approcher sans qu’elle ne bouge d’un poil.
Niveau araignées, une seule espèce photographiée, l’Épeire des bois (Aculepeira ceropegia). Il y en avait beaucoup dans la végétation basse. La femelle peut mesurer jusqu’à 15 mm. On la reconnait facilement grâce au dessin de son abdomen, en forme de feuille de chêne avec les deuxièmes lobes plus grands que les premiers (d’où son deuxième nom, l’épeire feuille de chêne). Elle possède 3 anneaux aux tibias.

Ce joli coléoptère courait au sol là où les azurés buvaient. Il s’agit d’une Cicindèle champêtre (Cicindela campestris). Lorsqu’il fait bien chaud, il devient difficile de les photographier car elles volent très bien et sont très vives. Leurs larves vivent dans le sol dans une galerie verticale et attendent la tête à la limite de la surface qu’une proie passe.

Une guêpe attire mon attention au bord du chemin. Elle est sur une toile d’araignée, mais ne semble pas se débattre ni être emmaillotée. En réalité, elle fait ses courses ! Elle découpe soigneusement un morceau de mouche qui elle a bien été capturée et envenimée.
Une fois le morceau découpé, elle se laisse tomber au sol.

Puis rejoint son nid, juste de l’autre côté du chemin, où elle retrouve une congénère.

Elle prépare son morceau avant de le déposer dans une alvéole où se trouve très certainement une larve.

Après tout ça, une petite séance de toilettage s’impose.

Sans oublier de ventiler les cellules.

Au sujet de l’espèce, il s’agit de Polistes biglumis et les deux guêpes photographiées sont des femelles. Les mâles ont la face jaune. Il n’est pas toujours facile de les distinguer de Polistes bischoffi et Polistes albellus, mais biglumis est la plus sombre des trois et est assez commune en montagne. Le critère le plus important pour les différencier est la différence de ponctuation entre la partie avant et la partie centrale de la mésopleure (le partie centrale des côtés du thorax). C’est quelque chose qui est assez difficile à voir, il faut avoir de bonnes images de cette zone.

C’est terminé pour cette sortie qui était très intéressante malgré l’absence des vipères. Tout le monde était agréable, et on a été servi niveau diversité ! On a même vu des bruants jaunes et fous. A refaire !

10 commentaires sur “Sortie herpétologie, entomologie et botanique à l’Hospitalet-près-l’Andorre avec l’ANA”

  1. Bonjour,

    un blog surprenant par sa diversité et hors du commun.
    Je me régale à observer les photos.
    Je fais de la photo animalière depuis le début de cette annèe,j’ai trouvé vôtre blog en cherchant des infos sur les odonates.
    Il y tellement à voir et à lire,c’est incroyable de partager cette richesse.

    Merçi !

  2. Toujours autant de plaisir à vous suivre.
    Merci beaucoup de ce partage de grande qualité.
    Bonnes rando 😉

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