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robert-le-diable

Linnaeus, 1758

Ce papillon aux ailes très découpées est unique dans la majeure partie de la France. Sa chenille ressemble à une fiente d’oiseau.

Ordre : Lepidoptera
Sous-ordre : Glossata
Infra-ordre : Heteroneura
Super famille : Papilionoidea
Famille : Nymphalidae
Sous-famille : Nymphalinae
Tribu : Nymphalini
Genre : Polygonia
Espèce : Polygonia c-album

Difficulté de détermination

Statut de conservation

Préoccupation mineure à l’échelle européenne, nationale et régionale.

Menaces / Protection

Cette espèce n’est pas menacée, et pour qu’elle le reste, il est nécessaire de maintenir des zones naturelles en milieu semi-forestier. Par exemple, laisser croitre les massifs d’orties pour que la chenille puisse se développer. Si vous habitez près d’une zone boisée, un petit espace en friche, un tas de bois et/ou des nichoirs à papillons pour lui permettre de passer l’hiver sont un coup de pouce apprécié de cette espèce.
Il faut toutefois noter qu’au milieu des années 1800, elle a presque disparu d’Angleterre, probablement à cause de l’arrêt de la culture du houblon, sa plante hôte préférée de l’époque. Depuis, il préfère les orties et s’est bien rétabli. Il a même tendance à étendre son aire.

Identification

Le Robert-le-diable (Polygonia c-album) est un papillon aux ailes dentelées et échancrées. La face supérieure est de couleur orangée, a grosses taches noires ou brun rougeâtre et à série de taches plus pâles près de la marge. La face inférieure des ailes est brune plus ou moins claire, marbrée ou uniforme. Cela dépend de la forme (voir plus bas) mais aussi des individus. Le dessous de l’aile postérieure possède un petit “C” blanc.
• La génération vernale est issue de chenilles pondues par les papillons ayant passé l’hiver. La plupart se développent assez rapidement et donnent des papillons plus précoces qui ne passeront pas l’hiver. Leurs ailes sont plus claires (dessus et dessous), moins festonnées et moins profondément découpées. Le dessous des ailes est orné de dessins plus bariolés et plus vifs. Cette forme de nomme f. hutchinsoni.
• La génération estivale est issue des chenilles produites par la génération vernale, ainsi que de celles produites par les papillons ayant hiverné mais dont le développement a été plus long. Ces papillons ont le dessous des ailes brun foncé à marbrures verdâtre sombre. Le dessus est souvent un peu plus sombre également, et les découpures plus profondes. Cette forme de nomme f. c-album.
• Les sexes sont semblables. La femelle a les ailes légèrement plus claires et moins découpées que le mâle, elle est aussi légèrement plus grande, mais les variations individuelles et les différences entre les générations qui peuvent se chevaucher rendent le sexage difficile.

Il existe plusieurs sous-espèces :
P. c. c-album (Linnaeus, 1758) d’Europe
P. c. imperfecta (Blachier, 1908) d’Afrique du nord
P. c. extensa (Leech, 1892) de Chine centrale et de l’est
P. c. kultukensis (Kleinschmidt, 1929) de Transbaïkalie
P. c. hamigera (Butler, 1877) du Japon
P. c. koreana (Bryk, 1946) de Corée
P. c. sachalinensis (Matsumura, 1915) de l’ile Sakhaline
P. c. asakurai (Nakahara, 1920) de Taïwan
P. c. agnicula (Moore, 1872) du Népal
P. c. kashmira (Evans, 1932) du Cachemire et du Ladakh
P. c. cognata (Moore, 1899) du nord-ouest de l’Himalaya

Autres noms

C-blanc, Vanesse gamma, Papillon-C, Dentelle, Gamma, Bedaude (chenille), Nymphalis c-album, Vanessa c-album

Étymologie

Polygonia vient du grec “polys” qui signifie “plusieurs” et “gōnia” qui signifie “angle”, en référence à la forme très découpée des ailes.
C-album signifie en latin “c blanc”, en référence à la forme de la tache blanche du dessous des ailes postérieures.
• La forme hutchinsoni est un hommage à Emma Hutchinson (1820-1906 ), une lépidoptériste Britannique ayant beaucoup œuvré pour la réintroduction de Polygonia c-album dans certaines régions de l’Angleterre.
• C-blanc est la traduction du nom d’espèce scientifique.
• Le Gamma vient également de la forme de la tache du dessous de l’aile postérieure, le “c” latin dérivant de la lettre gamma grecque.
• Le nom de Bedaude donné à la chenille fait référence à sa coloration, une tache blanche sur un corps sombre, comme un habit de bedeau.
• Robert-le-diable fait référence au roman du XIIIe siècle “La Terrible et merveilleuse vie de Robert le Diable, lequel après fut homme de bien”. Avant de devenir homme de bien, Robert était déchainé, opposé à l’ordre, diabolique. La découpure agressive des ailes et sa coloration évoquant le feu et la braise seraient à l’origine de ce nom évoquant le héros légendaire de l’époque.

Taille

42 à 55mm d’envergure.
Jusqu’à 35mm pour la chenille.

Habitat

Coupes et clairières des forêts inondables, lisières des forêts caducifoliées et mixtes, haies, parcs et jardins jusqu’à 2200m (jusqu’à 2700m au Maghreb), mais plus fréquent à basse altitude. Préfère nettement les milieux boisés divers. C’est une espèce commune mais pas abondante.

Répartition géographique

Comportement

Au repos, le papillon ferme ses ailes et ressemble à une feuille morte. Il ne les ouvre en étant posé que pour se chauffer au soleil. Les mâles adultes sont très territoriaux et se tiennent sur un perchoir qu’ils apprécient pour surveiller leur territoire. Ils vont à la rencontre de chaque intru, y compris les hommes, et chassent vigoureusement les autres mâles de la même espèce (parfois aussi d’autres espèces de Nymphalidae). Ce n’est pas à proprement parler un migrateur, mais il est capable de se déplacer sur de longues distances. L’accouplement aurait lieu en hauteur, dans les arbres.
Les chenilles sont solitaires et se tiennent sur le dessous des feuilles au repos. Elles se nourrissent surtout de nuit. La tache blanche de leur corps les fait ressembler à une fiente d’oiseau, elles passent ainsi plus facilement inaperçu aux yeux des prédateurs. De plus, au repos, elles adoptent une posture courbée pour renforcer l’effet “crotte”.

Période d’observation

Il y a 2 générations dans la plus grande partie de l’Europe (les papillons de la première génération volent de mai à juillet, ceux de la seconde d’août à octobre), les papillons ayant hiverné volant dès le mois de mars (ou plus tôt lors de journées ensoleillées et relativement chaudes).
Il y a généralement une génération en Scandinavie.
Il y a 3 générations dans les parties les plus chaudes du sud des Balkans et de la Grèce.

Hivernation

Adultes de la seconde génération (et les quelques plus tardifs de la première) parmi la végétation dense, les tas de bois, les racines, dans les granges et les vieilles cabanes…

Plantes hôtes

Surtout Ortie dioïque (Urtica dioica), mais parfois aussi Houblon (Humulus lupulus), Ormes (Ulmus), Saules (Salix), Bouleaux (Betula), Noisetier commun (Corylus avellana), Charme commun (Carpinus betulus), Framboisier (Rubus idaeus), Groseillers (Ribes) et parfois Armoise commune (Artemisia vulgaris), Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), Prunellier (Prunus spinosa), Aubépine épineuse (Crataegus laevigata).

Oeufs

Ils sont pondus isolément ou en petits groupes près du bord des feuilles sur la face supérieure, parfois inférieure (en mai pour la première génération, en juillet-août pour la seconde). Les petites chenilles éclosent au bout de 2 ou 3 semaines. Chaque femelle peut en pondre plus de 200. Ils sont de couleur vert pâle, puis jaunes et enfin gris sombre avant éclosion. Leur forme est ovale, avec 10 ou 11 côtes blanches verticales saillantes.

Chenille

• Lorsqu’elle est mature (au 5ème stade), son corps est noir ou gris foncé, largement strié d’orangé (parfois tellement qu’on a l’impression qu’elle est orange). Elle possède une grande plage blanche sur les 2/3 postérieurs du corps, ce dernier recouvert de scoli qui sont blancs au niveau de la tache blanche, orangés ailleurs. Les stigmates sont noirs cerclés de gris bleu. La tête est noire à marques oranges, avec deux protubérances dorsales. On peut parfois trouver des chenilles entièrement blanches.
• Au premier stade, elle est brun pâle avec le dessus des segments 2, 3, 5, 7, 9 et du segment anal blanc. La tête est noire et le corps est recouvert de longs poils noirs fins.
• Au second stade, des tubercules commencent à apparaitre. Ils sont blanc à la base pour ceux des segments 2 et 3, ceux des segments 5, 7, 9 et du segment anal sont entièrement blancs. Ils portent de longues soies noires. La tête est noire avec deux protubérances émoussées.
• Au troisième stade, des lignes blanches apparaissent sur la région dorsale et sur les flancs. Les scoli des segments 2 et 3 sont jaunes, ceux du segment 5 sont jaune pâle. Ceux des segments 7, 9 et anal sont blanches. Les longues soies se sont transformées en épines plus courtes.
• Au 4ème stade, la plage blanche dorsale apparait, et la chenille ressemble à celle du dernier stade mais en un peu plus petite.

Chrysalide

Elle est formée en général directement sur la plante hôte, parfois sur un autre support non loin (tige, branches). Elle est attachée par le cremaster et repose la tête en bas. Elle est de couleur brunâtre avec une série de 3 paires de taches argentées sur le dos. Les palpes sont longs, bien séparés et courbés vers l’intérieur, donnant un aspect cornu à la chrysalide. La ressemblance avec une vieille feuille morte froissée est frappante. Le papillon éclot au bout de 2 à 3 semaines.

Parasitoïdes

• Diptères Tachinidae : Gonia picea, Sturmia bella
• Hyménoptère Ichneumonidae : Glypta erratica
• Hyménoptère Pteromalidae : Pteromalus vanessae

Réseau trophique

La chenille est appréciée des oiseaux qui savent la détecter, mais aussi des punaises Asopinae et des larves des parasitoïdes listés ci-dessus. Comme pour la plupart des autres chenilles, ses crottes sont importantes pour la fertilisation du sol.
Les papillons participent à la pollinisation et sont la proie d’araignées, de diptères Asilidae (mouches chasseresses), parfois aussi d’oiseaux.

Régime

Les adultes se nourrissent de nectar et sont souvent observés sur les châtons de saules au printemps. Ils apprécient aussi les suintements de sèves, les fruits mûrs voire pourris, les déjections et les cadavres.

Espèces semblables

Pour le papillon :
• La Vanesse des pariétaires (Polygonia egea) est un peu plus grande et d’un orange plus vif et plus clair. Ses taches noires sont plus petites. Elle possède un petit « L » blanc sur le dessous de l’aile postérieure (ou un “V” selon dans quel sens on regarde). Elle est rare en France et se rencontre dans l’arrière-pays Niçois, peut être encore dans le Languedoc.

Pour la chenille :
Au 4ème et au 5ème stade, la plage blanche dorsale lui donnant son aspect de crotte permet de la reconnaitre facilement.

Sources

• Guide photo des papillons d’Europe (guides du naturaliste)
• Guide des chenilles d’Europe (guides du naturaliste)
• Papillons de France, Tristan Lafranchis
• Papillons d’Europe et d’Afrique du nord, Tom Tolman, Richard Lewington
Le Monde des insectes
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Ray Cannon’s nature notes
British butterfly aberrations
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Notes on the Eastern Comma Polygonia c-album agnicula Moore, 1872 (Lepidoptera: Nymphalidae: Nymphalinae) from Tawang District, Arunachal Pradesh, India
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