Publié le 13 novembre 2023
Dernière mise à jour il y a 3 semaines

Linnaeus, 1758
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Ce superbe papillon n’est jamais très abondant. Les adultes passent l’hiver et peuvent voler l’année d’après jusqu’à la mi-juillet, ayant donc une longévité de 10 ou 11 mois, ce qui est beaucoup pour un papillon. Il est également capable de se déplacer sur de longues distances, atteignant même l’Angleterre et l’Irlande, où il n’a jamais pu s’établir durablement.
Ordre : Lepidoptera
Sous-ordre : Glossata
Infra-ordre : Heteroneura
Super famille : Papilionoidea
Famille : Nymphalidae
Sous-famille : Nymphalinae
Tribu : Nymphalini
Genre : Nymphalis
Espèce : Nymphalis antiopa
Difficulté de détermination

Statut de conservation

Préoccupation mineure à l’échelle mondiale, européenne et nationale. Cependant, l’espèce semble en net déclin dans tout le pays. Il est Quasi menacée en Occitanie, Aquitaine, Rhône-Alpes et Franche-Comté, Vulnérable dans les Pays de la Loire, en Alsace et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, En danger en Poitou-Charentes, Bourgogne, Ile-de-France et Auvergne et Disparue de Normandie
Espèce déterminante ZNIEFF en Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Corse, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Alsace, Lorraine, Centre-Val de Loire et Haute-Normandie
Identification
• face supérieure brun sombre à teinte acajou
• marge des ailes découpée
• marge jaune sur le dessus des ailes, blanchissant pendant l’hivernation et étant donc blanche au printemps
• série de taches bleues au-dessus de la marge jaune sur le dessus des ailes
• dessous des ailes brun noirâtre à marge crème
Les sexes sont semblables
Autres noms
Manteau royal, Velours, Manteau-de-deuil
Étymologie
• Nymphalis vient de la mythologie grecque, plus précisément du grec “numphè” qui signifie “jeune fille” et désigne les Nymphes, divinités féminines de la nature.
• Antiopa est, en mythologie grecque, la plus belle jeune fille de Thèbes
Taille
55 à 75mm d’envergure
Habitat
Bois et forêts, coupes et lisières forestières, vallées alluviales, jusqu’à 2000m mais généralement entre 0 et 200m. En migration, il peut être vu jusqu’à 2900m. Il est localisé et peu abondant.
Répartition géographique

Période d’observation
Il y a une génération par an

Hivernation
Adulte dans un tas de bois ou au creux d’un arbre
Comportement
Le mâle est très territorial au printemps et surveille un large territoire depuis un perchoir. Il effectue également des vols de patrouille. Les intrus en sont vigoureusement chassés.
A la sortie de l’hivernation, on peut l’observer butiner les chatons de saules, mais en réalité il préfère nettement les fruits trop mûrs, les excréments et les écoulement de sève le long des arbres.
Il peut migrer sur de longues distances, et a ainsi déjà été observé en Grande-Bretagne.
Lorsqu’il s’envole, le frottement de ses ailes produit un “flap-flap” très audible
Plantes hôtes
• Salicaceae : Surtout Saule marsault (Salix caprea), mais aussi Tremble (Populus tremula), Peuplier noir (Populus nigra), Peuplier blanc (Populus alba), Saule à oreillettes (Salix aurita), Saule blanc (Salix alba), Saule gris (Salix cinerea), Saule roux (Salix atrocinerea), Saule drapé (Salix eleagnos), Saule des vanniers (Salix viminalis), Saule pourpre (Salix purpurea), Bouleau verruqueux (Betula pendula), Bouleau pubescent (Betula pubescens)
• Parfois aussi aussi Ormes (Ulmus sp.), Micocoulier (Celtis sp.) et Aulne glutineux (Alnus glutinosa)
Cycle
Il y a une génération par an. Les adultes s’accouplent au printemps, l’acte dure environ 2h. Les œufs sont pondus en manchons autour des tiges de la plante hôte, souvent au-dessus d’un point d’eau. Le nombre d’œufs par grappe peut-être très variable (de 30 à 250). Une femelle pond plusieurs grappes pour un total d’œufs compris entre 400 et 500. Ils éclosent au bout de 2 à 3 semaines et les jeunes chenilles ne dévorent pas leur chorion. Elles sont grégaires et restent en groupe serré. Elles tissent un tapis de soie sur les branches et les feuilles, sur lesquels elles se déplacent et se tiennent. Lorsqu’elles sont dérangées, elles redressent la partie avant de leurs corps. Elles se dispersent juste avant la nymphose. La chrysalide est suspendue à l’envers et se fait sur les buissons et les arbres autour de la plante nourricière. Le papillon éclot au bout de 3 semaines environ et passera l’hiver.
Œufs
Ils sont de forme oblongue et possèdent 8 à 9 carènes longitudinales, plus saillantes au sommet de l’œuf. D’abord jaune ocre, ils deviennent progressivement brun olive, puis brun rouge foncé. Juste avant éclosion, ils prennent une couleur bleu-gris argent.
Chenille
• Au premier stade, elle mesure 2mm. Elle atteindra 5,4mm de long avant sa première mue. Elle possède une grosse tête d’un noir brillant, avec quelques soies noires dessus. Le corps est brun olive pâle et possède des poils noirs à base bulbeuse noire. A la fin du stade 1, le corps se colore en brun ambré, avec une ligne dorsale médiane brun foncé et les flancs plus sombres.
• Au stade 2, elle est de couleur brune, piquetée de petits points noir, avec une ligne médio dorsale sombre ornée d’une série de taches orangées. A la fin du stade, elle atteint 10mm.
• Au stade 3, elle est de couleur noir cendré ou violacé, avec la même ligne dorsale noire entrecoupée des taches oranges qu’au stade précédent. Les scoli noirs commencent à se développer, ils sont en forme d’épine et terminés par une soie blanche. Le corps est parsemé de petites soies blanchâtres. La tête est toujours noir brillant. Les fausses pattes sont ambrées. A la fin du stade, la chenille atteint 17mm.
• Au stade 4, elle est d’un noir velouté, piqueté de verrues blanc nacré desquelles partent de fins poils blancs. La ligne noire dorsale et les taches oranges sont toujours présentes, mais les taches deviennent plus foncées. Les scoli sont un peu plus développés. La tête et les pattes sont noir brillant, les fausses pattes sont fauves, sauf la paire anale qui est noire. Le 11ème segment possède un petit disque noir brillant sur le dessus, idem pour le 12ème mais sur ce dernier segment le disque est beaucoup plus gros. A la fin du stade, elle mesure 32mm.
• Au stade 5, le corps est noir piqueté de petits points blancs et recouvert d’une fine pilosité blanchâtre. Le dessus possède toujours la ligne noire longitudinale parcourue d’une série de taches rouge-orangé. Les scoli sont très longs et noirs. La tête est noir brillant et les fausses pattes brun rougeâtre, la dernière paire plus sombre. Le segment anal possède un grand disque noir brillant sur le dessus. Elle atteint à maturité 54mm.
Chrysalide
Elle est de couleur beige, recouverte d’une poudre blanchâtre qui s’efface facilement. La chrysalide apparait alors plus sombre. Au niveau de l’abdomen, se trouvent des épines noires à pointe orange et une série de petits points noirs de part et d’autre des stigmates.
Parasitoïde
• Diptère Tachinidae : Sturmia bella, dont la larve parasite les chenilles. La femelle Sturmia pond de minuscules œufs sur les feuilles de la plante hôte qui seront ingérés par les chenilles. Compsilata concinnata, qui choisit de pondre un œufs directement à l’intérieur du corps de la chenille.
• Hyménoptère Ichneumonidae : Apechthis compunctor, Ichneumon cessator, Thyrateles camelinus (parasitent les chenilles)
• Hyménoptère Pteromalidae : Pteromalus puparum (parasite les chrysalides)
Réseau trophique
Les chenilles sont la proie de nombreux autres animaux (oiseaux, punaises préatrices…). Leur grégarisme les rend d’autant plus facile à détecter, et dans le cas des mouches ou des guêpes parasites, ce peut-être dangereux car les femelles n’ont qu’à pondre à la chaine sur/dans les chenilles (ou sur les feuilles tout autour, voir paragraphe précédent) sans se fatiguer à aller en chercher d’autres. Cependant, les groupes de chenilles peuvent être impressionnants, et elles adoptent un comportement défensif qui peut surprendre et dissuader certains prédateurs : dérangées, elles se dressent toute d’un seul coup, comme si elles voulaient frapper l’intrus d’un coup de tête. Chose à laquelle on ne pense pas forcément, les crottes des chenilles participent à la minéralisation du sol, indispensable aux plantes pour qu’elles puissent absorber les éléments nutritifs grâce à leurs racines. Elles rendent donc service à leur plante hôte, bien qu’elles mangent quelques-unes de leurs feuilles.
Les chrysalides sont parasitées par au moins une espèce de microhyménoptère et sont donc importantes pour son développement.
Les adultes participent peu à la pollinisation, sauf au début du printemps lorsqu’ils butinent les chatons de saules. Ils sont sont la proie d’araignées, de diptères Asilidae (mouches chasseresses), parfois aussi d’oiseaux et de frelons.
Espèces semblables
Aucune
Sources
• Papillons de France, Tristan Lafranchis
• Guide photo des papillons d’Europe, Delachaux et Niestlé
• Guide des chenilles d’Europe, Delachaux et Niestlé
• Papillons d’Europe et d’Afrique du nord, Tom Tolman, Richard Lewington
• La VIE des PAPILLONS : Ecologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France
• INPN
• Plant Parasites of Europe
• IUCN Red List of Threatened Species
• European Lepidoptera and their ecology
• Artemisiae – Lépidoptères de France
• UK Butterflies
• Lepiforum e.V.
• Parasitoids of European Butterflies
• Le blog de jean-yves cordier
• les pages entomologiques d’andré lequet
Bonjour Jessica,
Un splendide papillon !! Une répartition très clairsemée. Merci pour ces fiches vraiment très constructives.
Amitiés
Tania et Fabrice
Bonjour Fabrice et Tania,
Oui il est magnifique ! J’aimerais en voir plus souvent…