Publié le 8 septembre 2022
Dernière mise à jour il y a 3 mois

Linnaeus, 1758
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En Europe du nord, le plectrophane des neiges est le passereau qui habite aux plus hautes latitudes et altitudes
Ordre : Passeriformes
Sous-ordre : Passeri
Infra-ordre :
Super famille : Fringilloidea
Famille : Calcariidae
Sous-famille :
Tribu :
Genre : Plectrophenax
Espèce : Plectrophenax nivalis
Nom anglais
Snow bunting
Autres noms
Bruant des neiges
Difficulté de détermination

Statut de conservation
Espèce protégée

Il est classé en Préoccupation mineure à l’échelle européenne et mondiale, mais la population est en diminution. En Amérique du nord, il a perdu 63,6% de ses effectifs en 40 ans.
La population européenne est estimée à 320 000 à 350 000 couples (EBBA2 2020), alors qu’elle était estimée de 1 230 000 à 2 310 000 couples en 2015 (BirdLife International 2015). La Norvège est le pays européen comptant le plus de couples (160 000).
La population mondiale était estimé à 20 000 000 de couples en 2004 (Rich et al. 2004), mais ce chiffre a probablement baissé depuis.
Menaces
• Les oiseaux hivernant dans les zones côtières ont été mis à mal par de gros projets de remblai, l’urbanisation, les divers aménagements et l’intensification du pâturage qui ont détruit les marais salants. S’ajoute à cela la fréquentation grandissante du littoral. Les bandes de bruants passant l’hiver dans ces zones sont régulièrement levées par les promeneurs et les chiens non tenus en laisse. Ils dépensent alors une énergie précieuse à fuir au lieu de se nourrir. Les prés salés pâturés par les moutons sont des zones attractives pour le plectrophane des neiges et d’autres espèces, donc ce sont des zones à préserver.
• Le réchauffement climatique fait reculer les populations, notamment à basse altitude. Le printemps qui arrive plus tôt met à mal le succès de reproduction de l’espèce.
Identification
Le Plectrophane des neiges (Plectrophenax nivalis) a un corps assez massif et il est plutôt court sur pattes. Son bec est court et pointu. Ses pattes sont sombres en tous plumages. Bien que toutes les sous-espèces se ressemblent plus ou moins, la description principale s’appuie sur la ssp nivalis.
• Le mâle en plumage nuptial a la tête, le cou, les parties inférieures et le croupion blancs. Le dos et le bec sont noir. Au niveau des ailes, les rémiges secondaires et les couvertures sus alaires (petites, moyennes et grandes) sont blanches. L’alule, les rémiges primaires et les tertiaires sont noires. La queue est noire au centre, les plumes des côtés sont blanches.
• La femelle en plumage nuptial a la gorge et les parties inférieures blanches. La calotte, les joues et les côtés de la poitrine sont diffusément tachés de gris brun. Les plumes du dos sont d’un noir moins profond et bordées de beige. Le croupion est brun. Le bec est gris foncé. Les ailes sont plus largement sombres que chez le mâle : toutes les couvertures sus alaires sont grises à pointe blanche et les rémiges secondaires sont pour la plupart nettement terminées de noir. Les plumes sombres des ailes et de la queue (cette dernière sombre au centre, blanche sur les bords) sont bordées de beige.
• En plumage internuptial, le dessous est blanchâtre avec les côtés de la poitrine, les joues, la calotte, la nuque et les épaules roussâtres. Les plumes du dos sont noires à large bordure brune, donnant un aspect brun strié de noir. Le bec est jaune à pointe noire. Le dimorphisme sexuel se voit sur deux parties du corps : les ailes, dont la couleur reste la même qu’en plumage nuptial. Puis les scapulaires : chez le mâle, elles sont largement noires, à bordure chamois fine. La partie noire de chaque plume se termine en arrondi. De loin, elles forment une bande noire relativement nette. Chez la femelle, la bordure chamois est plus large, le centre noir est donc plus étroit et se termine en pointe sur chaque plume. De loin, elles ne forment pas une bande noire aussi nette que chez le mâle.
• Les individus de premier hiver ressemblent aux adultes. On peut les reconnaitre en examinant les rectrices. Chez les adultes, elles sont arrondies et assez larges à l’extrémité, alors que chez les individus de premier hiver elles sont plus étroites et plus pointues. Chez les 1er hiver, la partie noire des rectrices centrales se termine en pointe plus effilée, et la bordure pâle est plus fine car les plumes sont plus usées. Ces critères sont plus difficiles à utiliser après le mois de janvier en raison de l’usure des plumes. Les mâles de 1er hiver ont les ailes comme les mâles adultes mais avec en plus un peu de noir au bout des rémiges secondaires les plus externes. Les femelles de 1er hiver ont les ailes comme les femelles adultes mais ont encore plus de noir à l’extrémité des rémiges secondaires, et les couvertures sus alaires sont de teinte plus brune que grise.
• Les jeunes ont le dessus gris et la poitrine diffusément gris sale. Le dos est strié de gris foncé. Le bec est jaunâtre.
• En vol, les côtés de la queue blancs sont bien visibles. Chez le mâle, les ailes, vues de dessous, montrent un fort contraste entre la partie noire (gris foncé chez les mâles de 1er hiver) des rémiges primaires et leur base blanche. Chez la femelle, la transition entre la partie grise des rémiges primaire et leur base blanche est plus progressive et moins tranchée.
Une mue complète a lieu chez les adultes après la période de reproduction. Elle débute entre mi-juillet et mi-août et dure plus d’un mois. Le passage du plumage d’hiver au plumage nuptial ne se fait pas par mue mais par usure des plumes, les bordures sombres disparaissant laissant apparaitre le plumage blanc.
La mue partielle des jeunes débute environ 3 semaines après l’envol.
Il existe 4 sous-espèces :
• P. n. nivalis (Linnaeus, 1758)
• P. n. insulae (Salomonsen, 1931)
• P. n. vlasowae (Portenko, 1937)
• P. n. townsendi (Ridgway, 1887)
Les sous-espèces se ressemblent assez, en particulier nivalis, vlasowae et townsendi. P. n. vlasowae et townsendi ont les parties blanches du plumage un peu plus étendue, townsendi est la plus grande. Le mâle insulae en plumage nuptial est un peu plus sombre que le mâle nivalis : les couvertures primaires sont plus sombres, il possède un vague collier noir et son croupion est noir. En hiver, insulae a les flancs et la tête plus fortement marqués de rouille que nivalis. En hiver toujours, le manteau et les scapulaires sont de la même teinte rousse chez insulae, alors que chez nivalis le manteau est de teinte plus grise que les scapulaires.

Étymologie
• Plectrophenax viendrait du grec “pléktron” qui signifie “pointe, éperon” et “phenax” qui signifie “trompeur”. Sur un site ornithologique anglais, Plectrophenax est donné comme signifiant “bunting imposter”.
• Nivalis signifie “neigeux”, en raison de son plumage très pâle (en particulier le mâle).
Taille
14 à 18 cm de long, 28 à 30cm d’envergure.
Poids
30 à 45g
Longévité
Le plus vieux plectrophane connu avait presque 9 ans, lorsqu’il a été contrôlé puis relâché lors d’un bagage en Alaska.
Habitat
Il se reproduit dans la toundra rocheuse et à végétation clairsemée ainsi que sur les côtes rocheuses. En hiver, il fréquente généralement les bords de mers (plages, prés salés, marais salants), mais peut aussi moins fréquemment se rencontrer plus à l’intérieur des terres, dans différentes zones ouvertes comme les steppes et les cultures.
Répartition géographique
En France, nous ne voyons cette espèce qu’en hivernage, mais les effectifs sont peu nombreux (100 à 400 individus en moyenne, avec plus de femelles que de mâles). Rarement, certains individus peuvent être vus à l’intérieur des terres ou en méditerranée.

Migration
C’est un migrateur principalement nocturne. Ils migrent et hivernent en bandes hiérarchisées de 2 à plusieurs centaines d’individus. Les jeunes de premières années sont au plus bas de la hiérarchie, dominés par les femelles, ces dernières dominées par les mâles.
Les femelles migrent souvent plus au sud que les mâles.
Les oiseaux quittent les zones de reproduction en septembre-octobre, puis reviennent sur les lieux de nidification vers la mi-mars (début avril plus au nord, où les températures peuvent alors aller en-dessous des -20°).
Comportement
C’est une espèce peu farouche mais qui ne tient pas en place. Il se nourrit au sol et est capable de creuser dans la neige en hiver pour trouver de la nourriture. Il est grégaire en dehors de la période de reproduction et niche plutôt en couples isolés, mais il peut localement y avoir jusqu’à 18 couples par km².
Vol
Léger et onduleux
Voix
Il ne chante que sur les sites de nidification, émettant un gazouillement clair, bref et doux en vol ou perché sur un rocher ” tzwee-tzwee-chu-wee-tu-wee”
Le cri de contact est une gazouillement aigu, doux et roulé “pirrr-rit” souvent suivi d’un “peeu”
Dans les troupes en vol, “trrree”
Au Groenland et en Amérique du Nord, le chant des plectrophanes des neiges nicheurs comporte une variété diversifiée de dialectes propres à un site, au point que les Inuits du Groenland sont capables de les utiliser pour naviguer entre les caps en cas de brouillard épais.
Parade nuptiale
Les mâles arrivent sur les zones de nidification quelques semaines avant les femelles, afin de délimiter et défendre leur territoire. Ils reviennent généralement tous les ans au même endroit. Les couples se forment de mi-mai à début juin. Le mâle chante pour attirer une femelle, puis la parade débute avec des vols chantés décrivant une spirale descendante. La suite se déroule au sol : le mâle déploie ses ailes et sa queue puis chante en tournant autour de la femelle. Il lui montre ensuite des sites de nidification potentiels. Ils sont généralement monogames (bien que les mâles puissent parfois s’accoupler avec une autre femelle), mais ne restent unis que pendant la période de reproduction.
Nid
Il est construit à terre, à l’abri d’une touffe d’herbe, dans un creux du sol, dans une fissure de rochers ou parmi les blocs de pierres. La femelle collecte les matériaux et confectionne le nid. Ce dernier est en forme de coupe, faite d’herbes, de lichens et de mousses pour la base, puis garnie d’herbes plus fines, de plumes, de poils et de duvet végétal.
Oeufs
La femelle en pond 2 à 8, blanchâtres ou bleu verdâtre pâle, tachetés de brun sur le côté le plus large. Elle couve seule pendant 12 à 14 jours, nourrie par le mâle.
Jeunes
Ils naissent sans plumes et son nourrit d’arthropodes par les deux parents. Ils quittent le nid au bout de 10 à 17 jours et continuent d’être nourris par leurs parents pendant encore 8 à 12 jours.
Nombre de nichées
1 par an, rarement 2. Si la première nichée échoue, il peut y avoir une ponte de remplacement.
Maturité sexuelle
1 an
Réseau trophique
Il est la proie des harfangs des neiges, des renards polaires, des hermines, des goélands, des labbes et des faucons.
Régime
Graines, bourgeons, invertébrés surtout en période de reproduction, également petits crustacés sur les côtes en hiver.
Espèces semblables
• La Niverolle alpine (Montifringilla nivalis) ressemble au plectrophane des neiges, notamment en vol, car ses ailes sont également très blanches. Cependant les deux oiseaux ne fréquentent pas les mêmes zones géographiques. La Niverolle est une espèce des montagnes d’Europe du sud, de migrant pas en hiver. Même en hivernage, le bruant des neiges ne fréquente pas ces zones (sauf exception). La Niverolle est plus grande, a un bec plus grand et ne possède pas les teintes chamois du bruant des neiges internuptial. Sa tête est grise, sans stries.
Voici un bel exemple de convergence évolutive : ces deux espèces se ressemblent beaucoup à plusieurs égards, leur pattern de coloration (alaire notamment), le cri d’appel des jeunes, leur comportement pendant la nidification et la recherche de nourriture… deux espèces à la base très différentes, occupant le même type de milieu, ont évolué de manière similaire.
• Le Bruant lapon (Calcarius lapponicus) femelle peut faire penser au plectrophane des neiges femelle de 1er hiver, mais chez le Bruant lapon, les grandes couvertures sont bien rousses, contrastant entre deux barres alaires blanche, les joues sont soulignées de sombre et les flancs striés. Un cas d’hybridation entre les deux espèces a été rapporté.
• En Alaska et sur certaines iles de la mer de Béring se trouve le Bruant blanc (Plectrophenax hyperboreus). Parfois considéré comme une sous-espèce du plectrophane des neiges, son plumage est encore plus blanc. Des cas d’hybridation ont déjà été observés.
Sources
• Le guide ornitho, Delachaux et Niestlé
• Le comportement des oiseaux d’Europe, La Salamandre
• All the birds of the world, Lynx editions
• European Breeding Bird Atlas 2, Lynx editions
• Atlas des oiseaux hivernants et migrateurs d’Aquitaine
• Ornithos n°108
• Oiseaux-Birds
• INPN
• Ornithomedia.com | Le web de l’ornithologie
• Oiseaux.net
• BC Breeding Bird Atlas
• Bird Blog
• Wiktionnaire
• NatureGate
• Avibase – La base ornithologique mondiale
• Welcome to aladdin.st
• Mike’s Bird Notes: Snow Buntings
• All About Birds
• Bird news, sightings and reports – BirdGuides
• IUCN Red List of Threatened Species
• Oiseaux d’Europe