Publié le 14 octobre 2012
Dernière mise à jour il y a 3 mois

Linnaeus, 1758
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Le Martin-pêcheur d’Europe est l’un des oiseaux les plus colorés de France. On l’observe souvent volant à toute allure au-dessus des rivières, au ras de l’eau, comme une flèche bleue, poussant son cri aigu et perçant.
Ordre : Coraciiformes
Sous-ordre :
Infra-ordre :
Super famille : Alcedinoidea
Famille : Alcedinidae
Sous-famille : Alcedininae
Tribu :
Genre : Alcedo
Espèce : Alcedo atthis
Difficulté de détermination

Statut de conservation
Espèce protégée

Il est classé en Préoccupation mineure à l’échelle mondiale, compte tenu de sa large aire de distribution, mais Vulnérable au niveau européen et national (en tant que nicheur).
La population nicheuse française est en déclin et compte 10 000 à 18 000 couples (Directive oiseaux 2013). Elle a diminué d’au moins 40% au cours de ces 20 dernières années.
La population européenne est estimée entre 80 000 et 160 000 couples.
Menaces
Il est très sensible aux hivers rigoureux, mais reconstitue rapidement ses effectifs. Les principales causes de régression des populations sont la pollution des rivières, le réaménagement des cours d’eau et la disparition des zones humides. La sur fréquentation des berges de rivières devient également de plus en plus problématique.
Lors d’aménagement de cours d’eau, maintenir quelques berges abruptes permet à l’espèce de conserver un habitat pour nicher. Dans les zones très fréquentées, les sites de nidification doivent être protégés. Il a également besoin de perchoirs pour guetter ses proies, les bois en berge de rivières lui sont donc très utiles et doivent être conservés. Le lit des rivières doit être varié et les bras morts conservés, permettant ainsi aux poissons de mieux se reproduire et donc au martin-pêcheur d’avoir assez de nourriture.
Identification
Le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) est petit et trapu. Sa queue et ses pattes sont courtes. Il possède une grosse tête avec un bec proportionnellement long. La calotte et les ailes sont bleu à verdâtre en fonction de la lumière, le dos et la queue sont bleu clair. Le dessous, les joues et la partie au dessus du lore sont orangé chaud. La gorge et les taches sur les côtés du cou sont blanc. Les pattes sont rouge orangé chez les adultes.
• Les sexes sont semblables mais le mâle a le bec tout noir tandis que la femelle a la mandibule inférieure orangée ou rougeâtre. Méfiance avec les variations individuelles, certains mâles peuvent posséder un poil d’orange à la base de la mandibule inférieure (mais pas autant que chez la femelle adulte).
• Les jeunes ressemblent aux adultes, mais leur plumage est un peu plus terne et plus vert, et leurs pattes sont grisâtres. Leur bec est plus court. Les tout jeunes ont également la pointe du bec blanc, ce qui disparaît rapidement. Il semblerait que le bec des jeunes soit d’abord noir, pour prendre la couleur définitive à maturité. Le critère de la couleur du bec pour différencier le sexe n’est donc pas applicable aux jeunes avec certitude, sauf peut-être pour les jeunes ayant beaucoup d’orange à la mandibule inférieure (femelle).
La mue complète de l’adulte intervient de juin à octobre, voire novembre, mais certaines primaires et secondaires peuvent être muées le printemps suivant. Chez le juvénile, la mue partielle se déroule d’août à décembre.
Il existe 7 sous-espèces :
• A. a. ispida (Linnaeus 1758)
• A. a. atthis (Linnaeus 1758)
• A. a. bengalensis (Gmelin, 1788)
• A. a. taprobana (Kleinschmidt, 1894)
• A. a. floresiana (Sharpe, 1892)
• A. a. hispidoides (Lesson 1837)
• A. a. solomonensis (Rothschild & Hartert 1905)
Ces sous-espèces se ressemblent beaucoup. Il y a quelques différences au niveau du plumage, plus ou moins pâle (en particulier sur les parties oranges de la poitrine), et au niveau de la taille, mais cela reste très subtile. Seules A. a. hispidoides et A. a. solomonensis sont relativement différentes. Chez elles, la zone orange en arrière de l’œil, jusqu’à la tache blanche, est bleue (une photo ici). Le statut de la sous-espèce A. a. solomonensis est controversé, car en plus de présenter un plumage très similaire à celui de la sous-espèce hispidoides, elle a une large zone de contact en commun avec elle et les deux se reproduisent entre elles.

Étymologie
• Alcedo vient du grec “alkyṓn”, traduit en latin en alcyon. Dans la mythologie grecque, Alcyone était l’épouse de Ceyx. Le couple avait pris l’habitude de se surnommer Zeus et Héra, ce qui ne plût pas aux dieux. Un jour, Ceyx parti en mer, et fut victime d’une tempête déclenchée par Zeus. Alcyone découvrit la dépouille de son mari sur la plage et se jeta dans la mer, désespérée. Les dieux, impressionnés par tant de fidélité, les transformèrent en oiseaux-pêcheurs, en alcyons. Ces oiseaux nichant sur les berges voyaient constamment leur nid détruit par les flots. Les dieux calmèrent alors les eaux pendant 7 jours pour leur laisser le temps de couver leurs oeufs.
• Atthis vient aussi de la mythologie grecque et serait soit une très belle femme de l’île de Lesbos, favorite de la poétesse Sapho, soit l’une des trois sœurs de Cranaos, roi d’Athènes, qui donna son nom à la province d’Attique.
• Le nom de Martin-pêcheur viendrait d’une légende mettant en scène Saint-Martin, qui récompensa, pour son obéissance, un oiseau noir qui pêchait dans les rivières de Touraine, en le parant de vives couleurs et en lui permettant de porter son nom. Le nom pourrait aussi venir d’une ancienne appellation de l’espèce, “martinet-pêcheur”.
Taille
17 à 19,5 cm de long, de 24 à 26 cm d’envergure.
Poids
35 à 45 g.
Longévité
Le plus vieux martin-pêcheur connu avait 21 ans, mais la longévité moyenne est bien moindre. 70% des jeunes ne passent pas leur premier hiver, et la plupart des martins que nous voyons ont moins de 3 ans.
Habitat
Il se rencontre au bord des eaux calmes, propres et peu profondes, bordées d’arbres. On le rencontre aussi en bord de mer. Il évite les zones urbaines très denses et la montagne où il dépasse rarement les 600 m d’altitude.
Répartition géographique

Migration
Les populations du nord migrent vers le sud en hiver, restant tout de même dans l’aire de reproduction de l’espèce.
• En Europe du Nord et de l’Ouest, donc pour la sous-espèce A. a. ispida, le Martin-pêcheur est un migrateur partiel qui effectue des déplacements plus ou moins importants. La France accueille en hiver des oiseaux provenant d’Angleterre, de Belgique, des Pays-Bas ou d’Europe centrale qui viennent grossir les rangs de la population hexagonale, en majorité sédentaire. Certains individus ne se déplacent que lorsque leur territoire de pêche est pris par le gel en hiver. Ainsi on voit plus souvent de martins en ville ou sur les côtes à cette période. Certains migrent jusqu’au sud du portugal où jusqu’en Irak.
• A. a. atthis migre vers le sud en hiver, en grande partie au Moyen-Orient jusqu’au Pakistan.
• A. a. bengalensis migre pour les individus du nord de l’aire aux Philippines et en Indonésie.
• A. a. taprobana ne migre pas.
• A. a. floresiana ne migre pas.
• A. a. hispidoides ne migre pas.
• A. a. solomonensis ne migre pas.
Comportement
Pour se nourrir, il se perche sur une branche, immobile, et guette les petits poissons qu’il attrape après un plongeon vertical. Il les assomme ensuite avant de les avaler, tête la première pour que les nageoires n’opposent aucune résistance. Lorsque le poisson est destiné à être donné en offrande ou en nourrissage aux jeunes, il est tenu dans l’autre sens. Il rejette plusieurs fois par jour une pelote de réjection grisâtre contenant des arêtes de poisson et des carapaces d’insectes.
Malgré ses couleurs vives, il est difficile à repérer quand il est posé et immobile dans l’ombre, sur une branche au bord d’un cours d’eau. On le remarque généralement quand il vole a ras de l’eau, droit et rapidement, en criant. Lorsqu’il est perché, on l’observe souvent faisant de petits mouvement semblables à un hoquet.
Vol
Battements d’ailes soutenu, vol très rapide (jusqu’à 80km/h) et droit, souvent au ras de l’eau. Il lui arrive de faire du vol sur place.
Voix
On entend surtout le martin-pêcheur lorsqu’il vole. Il pousse un sifflement aigu, bref et perçant, parfois bisyllabique pouvant être répété par séries en cas d’excitation. Le chant, peu entendu et discret, correspond à une simple série de cris émis sur un rythme haché et irrégulier.
Parade nuptiale
Les couples se forment à partir de la fin janvier et courant février. Début mars, c’est la parade nuptiale. Elle est constituée de bruyantes poursuites aériennes, puis les oiseaux se posent côté à côte, verticalement, bec légèrement pointé vers le haut. Ensuite, le mâle apporte de la nourriture à la femelle, s’aplatit devant elle, les ailes pendantes puis étire le cou pour lui proposer un petit poisson tourné la tête la première. L’accouplement a ensuite lieu. La manœuvre est répétée à plusieurs reprises pendant près d’une semaine. Lors de cette période, le couple surveille et défend son territoire contre les intrus. A la rencontre d’un congénère, ils prennent alors des postures menaçantes, le corps bien droit. Si cela ne suffit pas, une course-poursuite s’engage. Dès que la couvaison a commencé, les oiseaux se font plus discrets. Les couples se dispersent fin juillet-début août, mais chacun continue de défendre une partie du territoire commun, de façon moins agressive que lors de la nidification. Les partenaires peuvent être fidèles tant qu’il n’y a pas mort d’un des deux.
Nid
C’est un terrier creusé habituellement dans la berge d’un cours d’eau, parfois dans la terre retenue entre les racines d’un arbre mort. Il est en moyenne profond de 60 cm, jusqu’à 130 cm. La galerie est généralement légèrement inclinée vers le haut. Au fond, une chambre est aménagée, dans laquelle la femelle pond. Les deux adultes s’affairent au creusement qui dure environ 1 semaine. Lorsqu’un vieux nid est réutilisé, le mâle le signale à la femelle en y faisant plusieurs entrées et sorties.
Oeufs
Ils sont blancs et au nombre de 4 à 9 (en moyenne 7) par nichée. Les deux adultes les couvent à tour de rôle pendant 19 à 21 jours.
Jeunes
Ils naissent nus et sont couvés en permanence pendant une semaine, par les deux parents qui se relaient. Passé cette semaine, ils peuvent tous deux se consacrer au nourrissage. Les petits sont nourris chacun leur tour. Ils forment dans le terrier une sorte de roue. Un seul d’entre eux se présente à l’entrée lorsqu’un adulte arrive, puis lorsqu’il a eu son poisson, la roue tourne pour que le suivant soit nourri. Ainsi chaque jeune mange à sa faim. Cette discipline dure 2 à 3 semaines. Ensuite les jeunes sont tous à l’entrée du terrier les uns contre les autres à l’arrivée d’un adulte. Au bout de 23 à 27 jours, ils quittent le nid et gagnent un perchoir où ils sont nourris pendant 2 à 4 jours. C’est souvent le mâle qui s’en charge, car la femelle s’occupe déjà de la nichée suivante. Ils sont ensuite rapidement aptes à se nourrir seuls. Ils finissent par se disperser ou sont chassés par les parents. Ils resteront nomades jusqu’au printemps suivant, où ils devront trouver un territoire à eux.
Nombre de nichées
2 à 3 par an, étalées sur 5 mois à partir de la mi-mars.
Maturité sexuelle
1 an.
Réseau trophique
Les adultes sont surtout les proies des éperviers d’Europe, les jeunes et les œufs peuvent être mangés par les belettes ou les visons qui s’infiltrent dans leur terrier. C’est un consommateur secondaire dans la chaine alimentaire, se nourrissant d’autres animaux, principalement de poissons, d’amphibiens et d’invertébrés aquatiques.
Régime
Il est composé pour l’essentiel de petits poissons, mais il consomme également des insectes et leurs larves (les notonectes représentent 40% des insectes capturés) ainsi que des crustacés et des batraciens. Les proies sont avalée en entier et la tête la première.
Espèces semblables
Aucune, en tout cas en Europe.
Sources
• Le guide ornitho
• Atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées
• Oiseaux.net
• L’Oiseau libre
• Oiseaux d’Europe
• INPN
• Larousse.fr
• Montaigu Place Forte
• Syndicat Mixte d’Aménagement de l’Arve et de ses Affluents
• BirdLife International
• Avibase – La base ornithologique mondiale
• Liste rouge des espèces menacées en France
• Wiki.nus
• Planet of Birds – Source to all birds on the Planet
• Shna-Ofab
• Monde Animal
• Monaco Nature Encyclopedia
• Quel est cet Animal ?
• Plumes d’azur, Histoire naturelle du martin-pêcheur d’Europe