Aller au contenu

Araignées

Publié le 9 mai 2013

Dernière mise à jour il y a 2 ans

Le corps des araignées est divisé en deux parties : le céphalothorax et l’abdomen.

Le céphalothorax (prosoma) est entièrement recouvert par un bouclier chitinisé assez coriace sur sa face dorsale, et par le sternum sur sa face ventrale. Les pattes, les pédipalpes, les chélicères et les pièces buccales sont imbriquées à l’articulation de ces deux faces. On peut généralement distinguer la tête et le thorax délimitées par des marques ou par la fossette médiane (brève ligne foncée sur le dessus du thorax).
La partie céphalique porte les yeux, généralement 8 ou 6 dont la taille et la disposition sont très variables. Ils sont généralement disposés sur 2 lignes courbes. La zone située entre les yeux et les chélicères, lorsque l’on regarde l’araignée de face, s’appelle le clypeus. Certaines araignées ont les yeux situés sur de petits tubercules.
Le labium est fixé au bord antérieur du sternum. Les lames maxillaires se trouvent de chaque côté du labium. Elles présentent sur leur bord antérieur des alignements de denticules et de longues soies qui servent à broyer et filtrer les aliments. L’ouverture de la bouche se trouve juste devant le labium.
Les chélicères servent à mordre les proies et à leur inoculer le venin. Chacune d’elles est constituée d’une partie basale (tige) et d’un crochet. Il se replie dans un sillon de la tige qui pet porter sur les bords un certain nombre de dents.
Les pédipalpes (ou pattes-mâchoires) se trouvent juste derrière les chélicères. Chacun d’eux est formé de 6 articles : la hanche (lame maxillaire), le trochanter, le fémur, la patella, le tibia et le tarse. Ce sont des organes tactiles. Chez les mâles, les pédipalpes sont modifiés en organes sexuels secondaires.
Suivies des pédipalpes se trouvent 4 paires de pattes, nommées de l’avant vers l’arrière les paires de pattes I, II, III et IV. Elles sont chacune formées de 7 articles : hanche, trochanter, fémur, patella qui n’existe pas chez les insectes), tibia, métatarse et tarse. A l’extrémité de chaque se trouve un nombre variable de griffes. Les araignées tisseuses de toiles ont 3 griffes, les araignées chasseuses n’en ont que 2. Les pattes sont revêtues de nombreux poils, soies ou épines. En plus de ces vibrisses, elles portent des trichobotries, des poils sensoriels longs et fins.

L’abdomen (opisthosoma) est souple et peut s’étirer (lors d’une prise de nourriture ou du développement des œufs par ex.). Il peut présenter une grande variété de formes et d’ornementations. Les mâles ont généralement un abdomen plus petit que celui des femelles. La face dorsale présente souvent un trait pointu à l’avant de la ligne médiane, c’est la tache cardiaque. On l’appelle ainsi car on peut y percevoir les battements du cœur d’une araignée vivante. Certaines parties de l’ornementation dorsale peuvent évoquer une feuille, on parle alors de folium. On distingue d’ordinaire plusieurs paires de macules déprimées et roussâtres sur la face dorsale : les sigilles. Elles correspondent à l’insertion de muscles internes.
La face ventrale de l’abdomen présente sur sa partie antérieure une ligne transversale incurvée, le pli épigastrique. Au centre, à l’avant de cette fente se situent les genitalia. On ne les voit pas chez la plupart des mâles adultes et des femelles immatures. Ils sont bien visibles en revanche chez les femelles matures, et se nomment épigyne. De chaque côté de l’épigyne se trouvent des plaques glabres nommées opercules branchiaux. Ils recouvrent les stigmates pulmonaires. Il peut exister un second système respiratoire sous forme d’une paire de trachées dont l’ouverture externe est ordinairement située juste devant les filières.
A l’extrémité de l’abdomen se trouvent 3 paires de filières : postérieures, antérieures et médianes. La soie produite par les glandes abdominales sort à l’extrémité des filières. Certains groupes d’araignées (les Cribellates) possèdent également un cribellum, ayant une surface criblée d’orifices minuscules et émettant une soie très fine. Les Cribellates possèdent un peigne (le calamistrum) sur le métatarse de la patte IV leur permettant de tirer et de cadrer cette soie. Il peut aussi y avoir une structure en tubercule de taille variable, le colulus, probablement non fonctionnel. Il existe plusieurs types de soies, de la lisse, de la finement frisée, de la collante…

Les pédipaples renflés des mâles (visibles après la dernière mue) ne produisent pas de sperme, ce dernier est issu de testicules situés dans l’abdomen et s’écoule par une ouverture génitale discrète. La semence est déposée sur une petite toile et amenée au pédipalpe. Ce dernier est ensuite utilisé pour transférer le sperme à la femelle via l’épigyne. Avant l’accouplement a lieu une parade nuptiale, différente pour chaque espèce. Chez la plupart des Aranéidés, le mâle tisse un fil particulier relié à la toile de la femelle par lequel il diffuse des signaux vibratoires. Chez les araignées dotées d’un sens visuel d&développé, comme les Lycoses et les Saltiques, le mâle exécute une danse nuptiale durant laquelle il met en valeur les éléments les plus remarquables de sa livrée, notamment en agitant ses pédipalpes ou ses pattes antérieures colorées et contrastées. Le mâle de la Pisaure admirable propose une offrande à la femelle. Les mâles de certaines espèces scellent l’épigyne de la femelle après accouplement, pour qu’aucun autre ne la féconde. Il est rare qu’un mâle adéquat soit dévoré par la femelle, mais celle des Argiope enveloppe de soie son partenaire plus petit et peut le croquer durant l’accouplement.

Les œufs peuvent être pondus bien longtemps après l’accouplement. Ils sont protégés par un cocon qui peut avoir différents aspects, et est soit abandonné, surveillé ou transporté. Le nombre d’œufs peut varier de 2 par cocon à 2000 par ponte ! Au fil du temps, l’embryon devient une pré-larve immobile qui mue et grandit. Elle rompt ensuite le chorion de l’œuf et passe au stade larvaire. Au fil des mues, elle entame sa phase nymphale et se nourrit de plus en plus de proies (qui peuvent être dans les grosses pontes leurs congénères les plus faibles tant que le sac n’est pas percé, par les jeunes ou la femelle).

Les juvéniles peuvent rester avec leur mère. Certaines transportent leur progéniture sur le dos, d’autres leur régurgitent une bouille ou leur capturent des proies. Si la mère meurt, elle peut également devenir une proie. Quand les jeunes sont assez grands, ils se dispersent. Certains se déplacent sur la végétation, d’autres choisissent la voie aérienne. Ces derniers recherchent un endroit élevé, relèvent l’abdomen, émettent de la soie grâce à leur filières et se laissent porter quand un courant ascendant aspire la soie.

Ce sont des prédatrices qui se nourrissent généralement d’insectes, plus rarement d’autres arthropodes voire d’araignées. Certaines s’attaquent même aux têtards et aux petits poissons, et pour quelques grosses espèces tropicales aux grenouilles et aux petits oiseaux. Elles ont différentes méthodes de chasse, certaines chassent activement, d’autres à l’affut, d’autres encore construisent des toiles. Après avoir injecté un venin à leur proie ou l’avoir emmaillotée, l’araignée régurgite un liquide riche en enzymes qui pré-digère la victime. Elle aspire ensuite cette bouillie.

Les toiles peuvent avoir beaucoup de formes différentes. Il existe des toiles en dôme, en tapis, en entonnoir, en roue… Cette dernière forme, appelée aussi toile orbiculaire, a comme structure un moyeu central, des rayons et un cerclage externe. Sur cette structure est déroulée une spirale de soie gluante. Les proies prises dans les fils font vibrer la toile ce qui alerte l’araignée. Les toiles orbiculaires sont plus fragiles que les autres types de toiles, les araignées les utilisant les reconstruisent donc souvent, tous les jours pratiquement, et avalent au préalable leur ancienne toile pour récupérer les protéines de la soie.

Les araignées muent en grandissant. Cela se passe quand le corps grandit, et que la cuticule externe rigide est trop petite. L’araignée arrête de se nourrir avant la mue. Dans la mesure du possible, elle se met dans un endroit sûr car le processus est long et la rend vulnérable. La plupart se suspendent la tête en bas sur un fil de soie. La carapace se fend et l’araignée sors de son ancienne peau, elle termine par les pattes. Il faut un peu de temps pour que la nouvelle cuticule durcisse et se colore. Lorsque des membres ont été perdus, de nouveaux (assez courts) réapparaissent à la mue suivante. Au fur et à mesure que l’araignée grandit, les mues sont de plus en plus espacées. Généralement entre 5 et 10 mues sont effectuées jusqu’à l’âge adulte.

Beaucoup d’araignées ne vivent qu’un an, mais certaines peuvent vivre 3 ans. Elles peuvent hiverner sous forme d’œufs, de juvéniles ou d’adultes.

L’ordre des araignées (Araneae) est divisé en deux-sous-ordres : les Mygalomorphes (Orthognatha) et les Aranéomorphes (Labidognatha).

En réalité les araignées sont d’abord divisées en 2 catégories : les Mesothelae, qui sont des araignées primitives et se rencontrent en Asie, et les Opisthothelae, qui rassemble 99.9% des araignées connues et donc les deux sous-ordres cités précédemment.

Liste des familles

Glossaire

Apophyse : Petite protubérance saillant de l’article d’un membre ou d’un organe.
Bulbe ou bulbe génital : Organe situé sur le pédipalpe des mâles, servant au transfert du sperme lors de l’accouplement. Leur forme est souvent complexe et propre à chaque espèce. Elle est très utilisée dans le processus de détermination. Syn : Organe copulatoire du mâle.
Calamistrum : Sorte de brosse régulière, composée d’une ou deux rangées de poils courbés situés sur le métatarse des pattes postérieures et servant à cadrer la soie. Les araignées pourvues de calamistrum et de cribellum sont dites cribellates.
Catalepsie : État dans lequel l’animal feint la mort, notamment quand on l’inquiète.
Chélicère : Les chélicères forment la première paire d’appendices des arachnides. Elles sont composées d’un article basal et d’un crochet.
Clypéus : Espace entre la rangée d’yeux antérieure et le bord antérieur ou inférieur du céphalothorax.
Colulus : Petit appendice médian sans fonction, situé à l’avant des filières des araignées écribellates.
Conducteur : Structure semi-membraneuse du pédipalpe qui maintient et guide l’embolus lors de la fécondation.
Condyle : Protubérance arrondie lisse parfois présente sur le bord externe, près de la base de la chélicère.
Cribellate : Se dit d’une araignée pourvue d’un cribellum et de calamistrum(s), capable de produire des fils de soie cribellée. Les espèces qui en sont dépourvues sont dites écribellates.
Cribellé : Se dit d’un type de soie émise par le calamistrum, de structure finement frisée et aux propriétés adhérentes remarquables bien que dépourvue de glu.
Cribellum : Sorte de plaque transversale ovale, souvent divisée en son milieu,  située en avant des filières. Cet organe produit la soie cribellée, c’est-à-dire finement frisée, aux propriétés adhérentes remarquables bien que dépourvue de glu. Les araignées pourvues d’un cribellum sont dites cribellates. Elles sont aussi porteuses d’un calamistrum.
Crochet : Sorte de griffe mobile située à l’extrémité des chélicères, où débouchent les glandes à venin.
Cymbium : Tarse élargi et creux du pédipalpe dans lequel les organes de copulation sont attachés.
Ecdysis : Mue, changement régulier de cuticule.
Écribellate : Se dit d’une araignée dépourvue de cribellum et de calamistrum, capable de produire des fils de soie englués. Les espèces qui en sont dotées sont dites cribellates.
Embolus : Appendice du bulbe génital des mâles qui est introduit dans l’épigyne de la femelle lors de l’accouplement et dont la forme est souvent diagnostique.
Entélégyne : Se dit d’une araignée possédant des organes sexuels complexes, à savoir un bulbe complexe composé d’un embolus et pour la femelle d’une épigyne.
Épigyne : Structure chitineuse externe complexe de l’orifice génital des araignées entélégynes, située sur la partie inférieure de l’abdomen des femelles. Sa forme est propre à chaque espèce et adaptée à celle des bulbes du mâle, créant une barrière spécifique mécanique évitant toute possibilité d’hybridation.
Espace céphalique : Zone de la tête comprise entre les yeux, dans la moitié antérieure du céphalothorax. Syn : Espace oculaire.
Espace oculaire : Zone de la tête comprise entre les yeux, dans la moitié antérieure du céphalothorax. Syn : Espace céphalique.
Exuvie : Enveloppe corporelle abandonnée après la mue.
Fascicule unguéal : Touffe de soies situées à l’apex des tarses chez les araignées ayant seulement 2 griffes.
Filière : Organe relié aux glandes séricigènes utiles à la fabrication des fils de soie. La forme des filières est utilisée dans l’identification se certaines familles.
Folium : Dessin plus ou moins sombre de l’abdomen de nombreuses araignées, qui rappelle généralement la forme d’une feuille de chêne et qui contraste souvent avec le reste du corps.
Fovea : Petit sillon médian présent sur la partie thoracique du céphalothorax et qui marque la fixation interne des muscles gastriques.
Haplogyne : Se dit d’une araignée possédant des organes sexuels simples et primitifs, à savoir pour un mâle d’un bulbe simplement pourvu d’un stylet et chez la femelle de l’absence d’épigyne. Ant : Entélégyne.
Labium : Pièce buccale située entre la bouche et le sternum, entre les lames maxillaires. Syn : Pièce labiale.
Lame maxillaire : Pièce buccale présente de chaque côté de la bouche, bordant le labium. Syn : Maxille.
Ligne radiale : Ligne partant du centre du céphalothorax et rayonnant sur les côtés.
Moyeu : Centre de la toile d’une araignée.
Opistosome : Abdomen.
Pédicule : Étroit segment abdominal qui relie le céphalothorax à l’abdomen.
Pédipalpe : Les pédipalpes forment une paire d’appendices située à l’avant des pattes, pointée antérieurement, servant à se guider. Chez le mâle, ils portent les bulbes copulatoires. Syn : Patte-mâchoire.
Pli épigastrique : Pli ou sillon qui sépare la partie antérieure de la face ventrale de l’abdomen de la partie postérieure.
Prosome : Céphalothorax.
Sclérifié : A cuticule durcie.
Scopula : Brosse de soies située sur le revers du tarse ou du métatarse de certaines araignées.
Scutum : Plaque dorsale située sur l’abdomen de certaines araignées.
Séricigène : Relatif, qui est apte à la production de soie.
Sigille : Petite plage circulaire plus ou moins sclérifiée (insertion de muscles).
Spermathèque : Sac ou cavité dans laquelle la femelle reçoit et stocke le sperme.
Spermatophore : Réceptacle temporaire du sperme du mâle permettant le transfert de la semence vers la femelle.
Stabilimentum : Bande de soie rectiligne ou en zigzag, souvent cotonneuse, tissée sur une toile et visant à camoufler l’animal qui s’y tient à l’affût. Certains stabilimentums intègrent des restes de proies, voire des débris végétaux.
Sternite : Plaque ventrale de l’abdomen.
Sternum : Partie ventrale et centrale du céphalothorax située entre les pattes.
Stigmate : Ouverture de la trachée sous l’abdomen.
Stridulation : Signal acoustique émis par les arthropodes, généralement par le frottement d’une épine sur une râpe, souvent dans un but sexuel ou défensif. Plusieurs espèces d’araignées communiquent à l’aide de stridulations.
Style : Appendice aigu du bulbe génital des mâles des araignées haplogynes et de certaines entélégynes qui est introduit dans l’épigyne de la femelle lors de l’accouplement et dont la forme est souvent diagnostique. Syn : Stylus.
Tache cardiaque : Tache située dans la partie basale de l’abdomen et qui s’étire classiquement dans le sens de la longueur.
Tégument : Enveloppe externe des arthropodes.
Tergite : Plaque dorsale de l’abdomen.
Thermophile : Qui aime la chaleur.
Trichobothrie : Longue soie presque verticale d’une patte sortant d’une petite cavité en cupule. Elle détecte les vibrations et les courants de l’air.

Sources :
Guide des araignées de France et d’Europe, Les guides du naturaliste.
Guide photo des araignées et arachnides d’Europe, guide Delachaux.
http://jean-marc.birat.pagesperso-orange.fr/index.html#atypidae
http://www.dipode-vie.net/Arachnides/S.Arachnides.html
https://species.wikimedia.org/wiki/Accueil

8 commentaires sur “Araignées”

  1. Marc ERARD (membre AsFra)

    Bonjour, bien sympa ce blog, bonne initiation à l’arachnologie, 2 petites remarques le genre Cheiracanthium appartient aujourd’hui à la famille des Eutichuridae, chez les Miturgidae on trouve maintenant 2 genres
    Prochora et Zora. En Europe il existe plus de 220 espèces d’Agelenidae.
    Bonne continuation, bien cordialement, kénavo.
    Marc

    1. Merci beaucoup !
      Je ne suis pas vraiment une pro, j’essaye d’apprendre via les guides et les forums, pas toujours évident, ce n’est pas impossible qu’il y ait quelques erreurs, pas trop j’espère. Si vous en voyez d’autres à l’occasion n’hésitez pas^^

  2. Bravo pour toutes ces photos de prédation dans la rubrique Xysticus…!
    J’essaye d’approuver ton commentaire chez moi mais ça ne fonctionne pas pour le moment !! ?

    1. Merci Richard !
      C’est bizarre pour le commentaire, moi je n’ai pas cette option d’activée donc je ne sais pas trop pourquoi cela ne fonctionne pas de suite

Laisser un commentaire