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Domaine des oiseaux 18-20 janvier 2019

Premier week-end de test avec mes nouvelles bagues allonge, le kit kenko 12-20-36mm.

Vendredi, je m’empresse d’aller retourner des feuilles dans le jardin avant que la nuit ne tombe (il fait quand même déjà très sombre). J’ai monté la bague 36mm, avec un flash annulaire.

Je trouve assez vite mes premiers collemboles, des Dicyrtomina ornata.

Première impression, grossissement intéressant, piqué moyen. Mais faire la mise au point est quelque chose de difficile, le moindre mouvement nous fait perdre le point de map voulu. Il faut bien se caler et être concentré.

Je crois que celle-ci avait mué il y a peu.

Pour cet individu, j’hésitais avec Dicyrtomina minuta. Mais je pense quand même à une ornata, certes un peu claire, mais les bandes des joues et de l’arrière de l’œil ainsi que la ligne dorsale claire sont quand même assez marquées.

Autre animal trouvé sous les feuilles mortes, un acarien du nom de Penthaleus major. Sa couleur est assez caractéristique, et on peut le distinguer d’une autre espèce proche, Halotydeus destructor, grâce à l’emplacement de son anus : sur le dessus de l’abdomen (si si). Il s’agit du minuscule rond blanc que l’on voit en vue de dessus, lui même entouré d’une tache rougeâtre. C’est une espèce que l’on rencontre à l’automne et en hiver, assez commune. Il apprécie les endroits frais et humides (donc climat idéal pour lui en ce moment) et est phytophage.

J’aperçois sur le mur un opilion. Pattes écartées sur le côté, pédipalpes fourchus, chélicères épineux. C’est un Dicranopalpus ramosus. Ou plutôt une. En effet, l’abdomen allongé et l’apophyse des pédipalpes (l’excroissance plus sombre) de même épaisseur que le tibia (le segment situé juste à côté de celle-ci) vont dans ce sens. Le mâle a un corps plus rond et son apophyse est plus fine que le tibia.
Je crois bien que c’est le même individu que j’avais photographié à cet endroit le 02 décembre, car il lui manque la même patte. Chez les opilions, ces dernières ne repoussent pas au fil des mues comme chez les araignées.
Deuxième test dimanche. Je tente d’ouvrir un peu plus le diaphragme, j’étais à f14 vendredi. Je passe donc à f11. Toujours avec le flash annulaire.
Une espèce nouvelle pour moi, Microlophium carnosum. Ce puceron peut être de couleur variable, rose, verte ou violacée. Il se nourrit sur les orties, ce qui est rare chez les pucerons. Une seule autre espèce se nourrit sur orties, Aphis urticata, qui est d’aspect plus boudiné et souvent vert foncé. Un autre genre pouvant aussi être rose peut par erreur se rencontrer sur les orties, le genre Macrosiphum. L’excroissance situés à l’extrémité de l’abdomen (cauda) est plus longue chez ce genre. La lumière du flash est un peu violente, mais je l’ai gardé car c’est mon premier.
En retournant quelques feuilles je photographie cette Calvatomina superba. Reconnaissable à ses yeux bicolores, oranges et noirs. La tache de l’arrière de l’abdomen est en forme de triangle, le pointe étant vers le bas. Cette espèce pourrait être en réalité un groupe d’espèces, mais je n’en sais pas plus.
Ces yeux clairs se retrouvent néanmoins chez deux autres espèces : Dicyrtoma fusca (Dicyrtoma fusca var rufescens) est de couleur plus uniforme, souvent pourpre, et il ne possède pas ces bandes sur les joues et derrière les yeux.
Jordanathrix articulata peut d’après ce que j’ai pu voir posséder des yeux bicolores mais sa bande dorsale n’est pas complète et est en forme de « V ».
Je pars ensuite fouiner sous quelques écorces de platane. J’y trouve quelques araignées. Anyphaena accentuata, l’araignée citroën. Reconnaissable à ses deux chevrons sombres sur l’abdomen, ces deux individus étaient immobiles un moment avant de prendre la fuite sous les feuilles mortes.

Des araignées du genre Clubiona se réfugient également sous les écorces en journée. Ce sont des chasseuses nocturnes. On les distingue du genre Drassodes, de la famille des Gnaphosidae, par leurs yeux postérieurs médians (les deux isolés sur le dessus), qui sont arrondis et espacés, alors qu’ils sont ovales et rapprochés chez les Drassodes.
Une troisième bien velue, à l’aspect très doux. Une du genre Amaurobius. Ici, avec l’abdomen si sombre, sans marques distinctes, c’est soit Amaurobius ferox soit Amaurobius erberi. La taille, de 10 mm, ne permet pas d’exclure erberi. J’aurais du photographier l’épigyne, organe génital de la femelle situé sous l’abdomen. On peut confondre ce genre avec les Coelotes, de la famille des Agelenidae. Chez ce dernier les chélicères sont saillants au niveau du bord du prosoma et elles sont généralement moins velues.

Sur les platanes, on trouve aussi de très jolies punaises : le Tigre du platanes (Corythucha ciliata). C’est une espèce d’Amérique du nord arrivée en France en 1964. Elles se nourrissent sur les feuilles de platanes. D’autres espèces peuvent lui ressembler, notamment Corythucha arcuata qui vit sur les chênes et Stephanitis pyri qui se trouve sur les arbres fruitiers. Ces deux espèces possèdent un peu plus de taches sombre sur les ailes.

Sous les écorces, on trouve aussi des cloportes, crustacés terrestres. Il faut bien suivre les clés pour les identifier lorsqu’on débute (j’ai fait ce jour là ma deuxième et troisième espèce). Elles sont surtout basées sur des critères morphologiques, nombre d’articles antennaires, forme des lobes de la tête, des segments du corps, des appendices à l’extrémité de l’abdomen… Voir ici pour les Isopodes terrestres du nord-ouest de la France (ça permet de dégrossir même s’il n’y a pas toutes les espèces) : http://www.gretia.org/phocadownload/cahiers_gretia/IA02/Cle_Cloportes_11_oct_N_B_PDF1.3-1.pdf
Celui-ci est un Cloporte rugueux (Porcellio scaber). Reconnaissable entre autre à ses deux articles au flagelle antennaire (la partie à l’extrémité de l’antenne), les fortes rugosités sur le corps et le lobe médian triangulaire (entre les yeux en vue de face). Il y a d’autres critères à vérifier, détaillés sur la fiche de l’espèce (en cliquant sur son nom). Il n’est pas capable de se rouler en boule.

Autre espèce de cloporte, de la même famille, Porcellio monticola. Lui aussi possède deux articles au flagelle des antennes, mais il est moins rugueux et son lobe frontal est arrondi et peu développé. Des différences existent dans les parties à l’extrémité de l’abdomen (cliquer sur son nom pour plus de détails). L’un d’entre eux a une couleur particulière, sombre avec l’arrière des pleurépimères largement orange vif.

Sans flash, pas facile car déjà il y a peu de lumière et en plus avec les bagues allonge on perd en luminosité. Mais j’aime bien l’ambiance ! Pas toujours terrible pour les photos d’identification, car la profondeur de champ souffre et il faut vraiment que la bestiole ne bouge pas (je parle bien sur en condition de lumière difficile). Quoi que parfois ça permet de voir certaines choses qui sont masquées par le flash.
Celui-ci est de coloration plus classique.

Celui-ci non plus ne peut pas se rouler en boule.

Au bord du chemin sous une feuille, je suis tombée sur ce collembole géant. Un jeune Orchesella villosa. Il mesurait 4 mm de long. On reconnait ce genre à sa taille et au 2ème segment antennaire qui est divisé en deux parties. L’espèce est également très poilue. Normalement les marques sur le corps sont plus foncées, mais ici c’est un jeune.

Pour terminer, ce Dicyrtomidae assez particulier. Le pattern de l’arrière de son abdomen est un peu étrange. Il est encore en attente de confirmation, bien qu’il y ait de fortes chances qu’il s’agisse d’une forme sombre de Dicyrtomina signata. Discussion à son sujet ici : https://www.flickr.com/photos/tifaeris/32965676118/in/dateposted/

Conclusion, je ne suis pas encore à 100% convaincue du piqué obtenu avec les bagues, mais cela peut venir d’un manque d’expérience quant à la mise au point, d’une (encore) trop grande ouverture et aussi du flash annulaire qui aplatit l’image. Je testerais un autre flash ce week-end, et d’autres réglages, si la météo le permet. J’ai eu moins de mal avec les grands sujets (normal).

10 commentaires sur “Domaine des oiseaux 18-20 janvier 2019”

  1. Photos de très bonne qualité,vraiment. Et Merci pour celles de l’acarien à pattes rouges !! J’en ai vu l’an dernier sur des hépatiques genre Frullania, Mais ne connaissais pas leur nom.

  2. Ca fourmille sous les feuilles ! On devrait être plus attentif pour les voir… Article très intéressant et de belles photos ! Bravo !

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